Cela fait à peine 2 jours que le décret d’application relatif à la mention «fait maison» a été publié, que celui-ci est déjà vivement critiqué. Et pour cause ! Plusieurs contradictions apparaissent. A commencer par : la pomme de terre ! Pourquoi dans un plat « fait maison » autoriser tous les produits pelés, tranchés, épluchés … et écarter comme par hasard les pommes de terre ? La réponse est toute trouvée : exclure la restauration rapide et les fast-foods !
Pour rappel ce décret a pour premier objectif d’augmenter la
transparence des plats auprès des consommateurs. Dès aujourd’hui, les
restaurateurs devront s’y conformer, et faire apparaitre le logo « fait
maison » sur leur carte (cf. l’image ci-jointe).
Mais quels produits entre dans composition du « fait maison » ?
Selon l’article D.121-13-1 « Un produit brut, au sens du deuxième alinéa de l’article L. 121-82-1, est un produit alimentaire n’ayant subi aucune modification importante, y compris par chauffage, marinage, assemblage ou une combinaison de ces procédés. Peuvent entrer dans la composition d’un plat « fait maison » les produits qui ont été réceptionnés par le professionnel et qui ont pu être épluchés , pelés, tranchés, coupés, découpés, hachés, nettoyés, désossés, dépouillés, décortiqués, taillés, moulus ou broyés; à l’exception des pommes de terre. Il n’écarte pas non plus les produits fumés, salés ou encore réfrigérés, congelés, surgelés et conditionnés sous vide. »
Selon Carole Delga, actuelle secrétaire d’Etat au Commerce et à la Consommation « le but de ce décret est la reconnaissance de l’acte de cuisiner, reconnaître un savoir-faire par rapport à une cuisine d’assemblage, en donnant au consommateur une information simple et fiable», elle ajoute « que les frites surgelées par exemple ne pourront pas entrer dans le décret. Cela signifie que celles des fast-foods, ne pourront pas être considérées comme des frites faites maison, tout comme leur sauces qui arrivent toutes prêtes ne seront pas considérées comme faits maison ». Ainsi au-delà du fait d’exclure les frites surgelés, on en arrive à écarter la pomme de terre, même fraîche épluchée et réceptionnée tranchée par le professionnel, sous prétexte que l’on ne veut pas que les fast-foods est la mention « fait maison ». Tandis que tous les autres légumes surgelés, coupés, tranchés, épluchés… sont considérés comme « fait maison ».
Pour un décret qui se veut transparent pour les consommateurs, on finit plutôt à une grande confusion !
Le débat ne s’arrête pas seulement à une histoire de « frite ». En effet les paragraphes II et III du décret font polémiques. Si vous « réceptionnez » du saumon surgelé, que vous le mettez au four avec quelques champignons et haricots déjà épluchés et coupés, vous cuisinez du « maison ». Et que dire de cette ambiguïté encore plus flagrante du point III de l’article D. 121-13-I qui indique « qu’un plat composé d’un produit non mentionné dans la liste des produits « autorisés » peut être présenté dans un plat « fait maison » dès lors que la marque du produit ou le nom du professionnel qui l’a fabriqué est expressément indiqué. »
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